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1 septembre 2006 5 01 /09 /septembre /2006 23:27

Pour se comprendre, la condition première est d'employer les mots dans le même sens. Keyserling cite quelque part Lao-Tseu qui dit à son empereur : "La première condition pour que l'ordre règne est la juste définition des choses. Quand les mots ne s'adaptent pas aux choses désignées, le peuple ne sait plus où mettre les pieds et c'est le désordre. " Je cite le sens, non la lettre dont je ne me souviens pas. (...)  L'opinion se nourrit d'impressions, toujours détruites et renouvelées au vent des événements, et ne trouve une certaine stabilité que dans la magie verbale, dans le formalisme verbal d'autant plus efficace qu'il utilise des mots inconsistants, dépourvus de signification précise, comme démocratie, liberté, égalité, fascisme, république, état, classe, etc. Tout un vocabulaire passe-partout que les démagogues utilisent en maîtres, des mots chargés d'affectivité explosive, le seul moteur des foules. A la tête des foules, un âne suffit.

Jean Coulonval, "Synthèse et Temps nouveaux", 1979, Lille

 

Beaucoup de mots, aujourd'hui, sont dévoyés. Sous la pression d'habitudes de langage qui ne sont pas toujours innocentes, ils perdent leur sens originel et servent d'outils de suspicion, d'armes de culpabilisation, aux fins de propagande ou de réglements de comptes. Ces faux sens calculés naissent du discours de quelques-uns et, véhiculés par une presse au style approximatif, finissent par entrer, ainsi masqués, dans l'opinion.

Michel Sinniger, "Famille chrétienne" , 5/12/1985

 

Intimider l'adversaire en noyant la vérité sous des flots de paroles inutiles ou mensongères est un procédé connu de maintes sociétés. Le discours de Petit-Jean dans "Les Plaideurs" en est un exemple que ne récuseraient pas les Africains amateurs de palabres, ni les spécialistes ex-soviétiques de la langue de bois.

Marie-Madeleine Martinie, "Famille chrétienne", 12/3/1992

 

Ainsi que l'écrivait Boileau : "Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement..." Il faudrait un Molière pour épingler le langage de nos nouveaux "précieux ridicules" ! Dans nombre de revues ou de livres, ils assénent leurs boursouflures verbales qui n'ont d'équivalent que la platitude et le néant de leur contenu.

CEE Information, revue du Centre d'Etudes des Entreprises, N°101

 

Les mots sont pourvus d'un sens magique et d'autant plus redoutable que leur signification est ambiguë et multiple, et que tout l'art ou presque tout l'art de celui qui prétend conduire les hommes est de se servir du langage pour imposer aux termes qui le composent de fausses significations.

Thierry Maulnier

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