Si vous dites: «Le maire a aussitôt réagi quand la rivière a débordé», vous parlez bêtement français. Si vous dites: «L'édile a rebondi à chaud sur les tragiques inondations de sa ville», vous vous exprimez en «médiatique». Mais n'allez pas vous figurer qu'il est aisé
Admirables pédagogues, les professeurs Burnier et Rambaud fournissent d'abord le vocabulaire de base, qui doit être employé à tire-larigot: sans états d'âme, gérer, revisité, incontournable, surréaliste. Puis ils vous inculquent les métaphores sportives, gréco-latines et militaires dont vous trufferez vos phrases: mettre la pédale douce, l'épée de Damoclès, la boîte de Pandore, monter au créneau, tirer à boulets rouges. Une fois que vous aurez rendu votre copie, ils vous guideront dans la maîtrise du cliché acrobatique, du genre «Il y a une lacune dans l'échafaudage du plan Juppé» ou «La balle est dans le camp des slalomeurs». Enfin, si vous en avez le courage, des exercices de perfectionnement vous permettront de manier les guillemets et l' «anglo-barbouillis»: «Elle a signé cinq films inégalement ambitieux, même si pas forcément toujours convaincants.»
Comme dans leur célèbre Roland Barthes sans peine, publié voilà près de vingt ans, Michel-Antoine Burnier et Patrick Rambaud n'ont eu recours qu'à des exemples authentiques. D'où le caractère hilarant, mais aussi un peu accablant de ce petit dictionnaire à
Média-tics
par Didier Sénécal
Lire, avril 1997
à propos du livre "Le journalisme sans peine" de Burnier & Rambaud. A LIRE !!!